SEULES AU BOUT DE 23 SECONDES - MANSFIELD TYA
"LOST IN TRANSLATION"
Seules au bout de 23 secondes. Comme si la durée du cycle était donnée. Comme si le titre annonçait parfaitement l'alternance entre envolées et plongées, entre vie et mort, musique et absence de musique, comme si l'âme de Mansfield Tya était celle d'un fantôme (comme elles le chantent), errant dans cet entre-deux.
Si l'album commence par une diversion sonnant comme une petite comptine légère à la Kate Nash, c'est pour mieux plonger, dès le second titre. Plonger dans cet univers morbide et poétique, ou les maux s'écrivent: amour, mort, absence ou maladie. L'absence, c'est ce qui caractérise peut être le mieux le duo tant il y a quelque chose de lointain dans l'univers qu'elles libèrent à travers leur musique. Lointain comme les arrangements sobrement dosés, lointain dans ces sentiments qu'on entend énoncés, presque dictés comme un diagnostique sans fin. Écorchées oui mais sans hurlement.
Mais il ne faudrait pas non plus résumer l'univers des Mansfield Tya à ce goût prononcé, pour l'obscurité car Seules au bout de 23 secondes se caractérise aussi (et autant) par le détachement et le cynisme ambiant, mais aussi la douce mélancolie qui s'en dégage tout du long.
De Dominique A à Françoiz Breut, mais aussi de Cat Power à Blonde Redhead, on apprécie les influences, mais surtout le violon, la voix, le piano, les arrangements âpres et dénudés, l'atypisme. Ici, ni vernis, ni maquillage, quand la voix de Julia râpe, accroche l'anglais maladroitement, cela ne fait qu'accentuer, au final, la sincérité du duo qui se livre tel quel.
On emportera quelques refrains entêtants comme le communautaire: Wasting my Time, ou le délétère: Sur le plafond. Deux morceaux parmi onze autres, tous de grande qualité, tous flottants les uns prêts des autres comme autant de petites solitudes qui se seraient trouvées.